Les comtes et barons de ROSEN




Conrad de Rosen (1628-1715)
Marquis de Rosen, Comte de Bollwiller
Maréchal de France
Chevalier du Saint-Esprit (reçu le 2 février 1705)

La présente page est consacrée à la famille des comtes et barons de Rose(n) répandue en Pologne, en Suède, en Livonie, en Allemagne et en France.

Il existe, en Allemagne, une association familiale "Familie von Rosen" (http://familie.von-rosen.de/) comportant actuellement plus d'une centaine de membres répartis dans le monde.

Toutefois, à l'heure actuelle, aucun lien prouvé n'a pu être établi entre les descendants des comtes et barons de Rosen originaires du nord de l'Europe et la famille des barons de Rosen connue en Belgique depuis le début du XVIIe.s.

Historique

Quelques mots d'histoire commune

Peuplés depuis plus de six millénaires par des populations originaires du nord de l'Oural, les pays baltes furent christianisés au XIIIe.s. par les ordres germaniques des Chevaliers Teutoniques et des Porte-Glaive (*). Formant le Grand-Duché de Lituanie, les états baltes, tantôt alliés, tantôt associés à leur voisin polonais, seront, au cours des siècles, au centre de la tumultueuse histoire des conflits régionaux opposant les puissances de la Baltique, avant d'être rattachés à la Russie en 1795 à la suite du troisième partage de la Pologne.

Ce ne sera qu'au sortir de la Première guerre mondiale que les états baltes accèderont à leur première indépendance avant d'être, à nouveau, annexés par la Russie soviétique en juillet 1940.

Ce ne sera qu'en 1991, à l'effondrement de l'URSS, que les pays baltes recouvriront leur indépendance.

Les origines familiales

On tient généralement pour auteur de la maison de Rosen, un certain Poragius ou Poray, un des 7 fils du comte de Séhlaunick, seigneur de Lubitz en Bohème (900-981), dont la mère était la soeur de l'empereur Henri Ier. Forcé de quitter la Bohème après que ses domaines y furent ravagés, Poray vint s'établir en Pologne en l'an 992 où il obtint du duc Boleslas le Valeureux de vastes terres dans la région de Cracovie.

La branche allemande des Rosen apparait dès le XIII e.s. dans la région de Lunebourg en Allemagne septentrionale ayant des liens de parenté très étroits avec, notamment, les chevaliers "de Luneborg", et les princes "de Pleskau". L'ancêtre de la famille, originaire de Basse-Saxe, est un chevalier du nom de Theodoricus de Ropa qui part combattre en Livonie en 1203 avec les chevaliers Porte-Glaive.
La famille reçoit son blason avec écu à trois roses en 1296.
A cette époque,
dans la flambée de l'expansion germanique vers l'Est et des croisades d'évangélisation des peuples slaves, les descendants de Poray choisirent pour armes: d’azur à trois roses d'argent.(ligne "blanche").
Le choix de ces armes fit qu’on les appella
"Rose" et plusieurs parmi eux furent reçus chevaliers dans les ordres Teutonique et des Porte-Glaive qui se formaient alors.

La famille se divisa en cinquante branches et rameaux, dont chacune prit le nom de sa terre, pour se répandre en Prusse, en Pologne, en Livonie, en Suède et en France.


Robert von Rosen (1595-1630) se fait accepter dans la noblesse suédoise et naturaliser au début du XVIIe siècle. Les Rosen deviennent barons, puis comtes en Suède. Ils sont barons en Livonie, leurs titres et privilèges sont reconnus au XVIIIe siècle par les assemblées de la noblesse du gouvernement d'Estland et du gouvernement de Livonie, lorsque ces territoires passent de la Suède à la Russie impériale.

Avec les Ungern, les Tiesenhausen et les Uexküll, les Rosen faisaient partie des quatre familles baltes que l’on appelait autrefois les « Quatre de la main réunie ».

Nous évoquerons ci-après plus particulièrement les branches "baltes" et "alsaciennes" de la maison de Rosen.

En Livonie



Les archives de l'ordre Teutonique et celles de Livonie attestent clairement que divers chevaliers de la maison de Rose servirent dans ce pays depuis le temps où le christianisme a été établi.

Vers 1234, à l'époque de la fusion de l'ordre des chevaliers Porte-Glaive avec l'ordre des chevaliers Teutoniques (*), le chevalier Helmoldus de Lunebourg s'établit en Livonie et son fils, par son mariage avec une fille issue de la famille "de Ropal Pleskau", y devient l'aïeul des premiers représentants connus sous le nom "de Rosen".

Pour distinguer leur branche du tronc principal, ils prirent un écu
d'or à trois roses de gueules, d'où le nom de ligne "rouge".


- les frères
Otto (1282-1298), Woldemar (1288-1325) "dicti de Rosen" et son fils Helmoldus sont vassaux de l'archevêque de Riga;

- en 1343, Christian de Rose (Chrétien de Rosen), qui passe pour le premier de la maison « Rosen », s'établit en Livonie. Il engagea quelques-uns de ses frères, avec beaucoup de chevaliers, a conquérir cette province et la délivrer des paysans idolâtres qui l'occupait.

Cette lignée parvint rapidement à un haut degré de prospérité; elle y acquit des possessions territoriales considérables: commanderies, fiefs et seigneuries nobles, et se vit investir des fonctions les plus élevées. Les Rosen resteront au service des archevêques de Riga jusqu'au XVIe.s. et lorsque viendra l'heure de la Réforme, ils se mettront au service des Danois et des Suédois ( voir ci-après) pour batailler en faveur des libertés religieuses dans l'Europe.

Du temps du Grand-Maître Herman, la famille se divisa en quatre branches distinguées par les noms de leurs châteaux de Gross-Roop, Klein-Roop, Hoch-Roses, et Neu-rosen que ses membres firent successivement construire à « douze lieues » de la ville de Riga, capitale de la Livonie. On y trouve les sépultures de leurs ancêtres depuis l'an 1464 et ils ont possédé leurs châteaux jusqu'en 1680.



En Suède

Le passage des Rosen au service du roi Gustave II-Adolphe de Suède (1621-1633) remonte aux faits historiques qui se sont déroulés au XIVe.s. entre la Pologne, les chevaliers teutoniques allemands, la Suède, la Livonie et la Russie. Au milieu du XVIe.s., s'ouvre la conquête de la Baltique et la Suède s'empare de la Livonie et de la Courlande en enlevant à la noblesse balte (fidèle à la Pologne) ses possessions. Cependant, Otto, le père de Rheinhold de Rosen Gross-Roop, se rallie au vainqueur, conserve ses biens et envoie ses trois fils au service du roi de Suède.

Comme commandant des forces weimariennes au service de la France durant la guerre de Trente ans, Rheinhold acquit des biens familiaux en Alsace.



En Alsace

La lignée alsacienne est issue du mariage de Conrad de Rosen de Klein-Roop avec Marie-Sophie de Rosen, fille de Reinhold de Rosen de Gross-Roop.
Quatrième fils des neuf enfants de Fabien de Rosen de Klein-Roop et de Sophie de Mengden, Conrad fut le plus célèbre représentant de la famille de Rosen en Alsace par sa carrière militaire qui culmina, après son abjuration de la religion luthérienne et sa conversion au catholicisme en 1681, comme Maréchal de France au service de Louis XIV.

Sa descendance forma la lignée alsacienne de la famille de Rosen qui, au gré des alliances, augmenta le volume de ses possessions territoriales débordant de l'Alsace vers le territoire de Belfort et la Franche-Comté.



Notes

(*) En 1202, le troisième évêque des Lives, Albert de Buxhöveden, regroupa les Croisés allemands en "Frères de la Chevalerie du Christ ou Porte-Glaive" et leur cède un tiers de la Livonie. Battus en 1236 par les Lituaniens, les Porte-Glaive sont rattachés à l'ordre Teutonique dont ils forment la branche de l'Ordre livonien.

Sources:

« Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique », t.III, p.199 et suiv., Ed.Duchesne, Paris, 1757

de la Chenaye-Desbois et Badier,
Dictionnaire de la Noblesse, 3e.ed, t.XVII, Paris , 1872, p.678 et suiv.

LEHR E, Notice sur la famille de Rosen, in Bull.de la Soc.pour la cons.des monuments historiques, IIe.série, III vol., 1865

V. & H.V.Rolland's Illustations to the Armorial Général by J.B.Rietstap, t.III, Heraldry today, London, 1967, p.605 et planche CLXXXIX

Genealogisches Handbuch der baltischen Ritterchaften, Görlitz

Paul Gerber,
La famille de Rosen en Alsace et Franche-Comté, Revue trim. de la Sté.d'Histoire et d'Archéologie de Saverne et environs, cahier 103, Saverne, 2e.trim 1978

Documents de famille et traduction libre du site de l'association familiale von Rosen.